Pourquoi faut-il cesser de labourer en permaculture ?
Dans un potager en permaculture, l’un des premiers réflexes à abandonner, c’est le labour traditionnel. Cette pratique bien ancrée dans l’agriculture conventionnelle est en réalité contre-productive pour un sol vivant et fertile. Alors, pourquoi faut-il ranger la bêche et repenser sa manière de jardiner ?
Le sol, un écosystème fragile
Le sol n’est pas juste de la terre : c’est un écosystème riche, peuplé de vers de terre, de champignons, de bactéries, d’insectes… Chacun joue un rôle clé pour la santé des plantes. En labourant profondément, on perturbe gravement cet équilibre :
On détruit les galeries des vers de terre qui aèrent naturellement le sol.
On expose à l’air des micro-organismes qui vivent normalement en profondeur, les condamnant.
On inverse les couches du sol, perturbant la structure naturelle de la fertilité.
Lorsqu'on laboure, on laisse souvent le sol à nu. Du coup, l’eau de pluie ruisselle au lieu de pénétrer. Ensuite, le vent et le soleil assèchent et érodent la surface. Enfin, les nutriments sont lessivés, et les mauvaises herbes s’installent vite.
Les couches du sol
La Terre végétale est la couche la plus superficielle, riche en matière organique, humus, micro-organismes et nutriments. Elle est essentielle pour la croissance des plantes, car c’est là que se trouvent la majorité des racines. Elle est souvent meuble, sombre et vivante.
Située juste en dessous, le sous-sol contient moins d’humus, mais plus de minéraux. Cette couche est généralement plus compacte et pauvre en vie biologique. Elle joue un rôle dans la rétention de l’eau et le stockage des minéraux.
La roche mère est la couche la plus profonde. Elle se composé de roche fragmentée ou intacte. C’est d’elle que provient, à très long terme, la formation du sol par altération et décomposition. Elle ne contient pratiquement pas de vie.
En permaculture, on évite de retourner la couche de terre végétale pour ne pas détruire sa structure et les organismes qui y vivent. On utilise également des plantes à racines profondes pour améliorer naturellement la couche Sous sol (ex. : consoude, luzerne, salsifis sauvage).
Le paillage ou paillis
En permaculture, on ne laboure plus. On ne laisse plus les sol à nu mais on le couvre toujours le sol avec un paillis, des engrais verts ou des cultures permanentes pour le protéger et l’enrichir. C'est ainsi que le paillis va nourrit la terre en se décomposant. Et ce compostage en surface va stimuler la vie microbienne.
Cette nouvelle façon de faire permet de recréer un sol vivant et fertile, capable de nourrir les plantes durablement, sans engrais chimiques ni interventions lourdes.
Qu'est ce qu'un paillis ?
C’est tout simplement une couche de matière qu’on dépose à la surface du sol pour le protéger et le nourrir, un peu comme une couverture naturelle pour la terre. Il présente énormément d’avantages: En premier lieu, il conserve l’humidité en limitant l’évaporation. Ensuite, il protège le sol du soleil, du vent, de la pluie battante et du gel. Il freine également la pousse des "mauvaises herbes" en bloquant la lumière. Il nourrit aussi le sol en se décomposant (dans le cas d’un paillis organique). Et enfin, il stimule la vie du sol (vers de terre, champignons, bactéries…).
Il existe deux grandes familles de paillis :
- Tout d'abord les paillis organiques qui se décomposent et enrichissent le sol en humus. On peut citer le foin, paille, tontes de gazon séchées, feuilles mortes, BRF (Bois raméal fragmenté, compost du jardin, écorces, copeaux, cendres de bois, ...
- Ensuite les paillis minéraux qui eux ne se décomposent pas. Par exemple les gravillons, la pouzzolane, l'ardoise, les coques de cacao ou encore les billes d’argile expansée. Ce type de paillage est plutôt utilisé en déco ou pour les plantes en pot, mais il protège aussi bien le sol. Il améliore le drainage, surtout en sol lourd.
Vous l'aurez donc bine compris, en permaculture, le paillis est essentiel. C’est un geste simple qui transformera la fertilité de votre potager, et plus généralement de tous les sols du jardin.